Pour justifier sa revendication de domination non seulement sur le Tibet, mais aussi sur le Turkestan oriental (Xinjiang en chinois) et la Mongolie méridionale – des régions qui ont « toujours fait partie de la Chine » -, la République populaire de Chine a depuis longtemps avancé des arguments historiques. Ce qui est nouveau aujourd’hui, c’est que même l’archéologie est invoquée.
En janvier, le Global Times, porte-parole du Parti communiste, a publié un article intitulé « Une demi-décennie d’archéologie frontalière produit des découvertes majeures et révèle une civilisation chinoise diversifiée mais unie ».
Cet article décrit deux sites archéologiques au Tibet. L’un se trouve dans la préfecture de Nagchu, au nord du Tibet, l’autre près de Lhassa. Les artefacts découverts seraient la preuve d’une occupation humaine remontant à 30 000 ou 40 000 ans et d’une « migration et adaptation à l’altitude » précoce. L’article ne précise pas d’où est partie cette « migration », mais le contexte de l’article suggère qu’elle a eu lieu depuis la Chine.
Des découvertes similaires faites au Turkestan oriental (Xinjiang) et en Mongolie méridionale, c’est-à-dire bien au-delà des frontières historiques de la Chine, seraient, selon un archéologue de premier plan, des « preuves vivantes des échanges de la Chine avec d’autres cultures » et compléteraient les découvertes faites dans le cœur de la Chine.
Le rapport du Global Times a suscité l’inquiétude des Indiens, qui craignent que la République populaire de Chine ne revendique également des droits territoriaux sur les régions à majorité tibétaine du nord de l’Inde. Le Times of India cite une étude menée au Ladakh qui montre que la population locale a une forte parenté génétique avec les ethnies tibétaine et indienne, mais pas avec la Chine. Il cite également des études archéologiques menées au Ladakh et au Zanskar. Les sites de l’âge du bronze, encore peu étudiés, indiqueraient des échanges intenses avec l’Inde, alors que ceux avec la Chine seraient minimes.
Firstpost, 27 janvier 2024 // Dr. Uwe Meya
Photo : capture d’écran de l’université du Sichuan