Un rapport de l « Institute for Security and Development Policy (ISDP), une ONG basée à Stockholm, est consacré à l’importance de l’or dans la politique économique de la République populaire de Chine. Ces dernières années, la banque centrale chinoise a stocké d » énormes quantités d’or, qui ne proviennent pas uniquement des entrepôts tibétains, mais qui ont également été achetées dans d’autres pays d’origine. De même, la demande d’or a augmenté parmi les particuliers en Chine.
Le rapport de l’ISDP identifie plusieurs facteurs qui ont contribué à ce boom. Les risques géopolitiques, tels que l’effondrement de la banque Silicon Valley et la guerre au Moyen-Orient, sont les moteurs de cette évolution, tout comme la recherche d’un placement sûr par les consommateurs chinois ; ce dernier surtout après l’effondrement du marché immobilier en Chine. L’or s’avère être un placement fiable pour les particuliers, d’autant plus que la Bourse offre peu de possibilités d’investissement intéressantes et que certains investisseurs avaient surtout investi dans le seul autre placement, l’immobilier, et ont souvent tout perdu. Un autre moteur de cette évolution est une tendance de la mode, appelée gouchao ou « China Chic ». La demande de bijoux en or a augmenté de 10% rien qu’en 2023, et celle de lingots et de pièces de 28%. L’agence de presse officielle du gouvernement, Xinhua, a encouragé cette tendance avec des articles vantant spécifiquement les bijoux avec des motifs de la « tradition historique exceptionnelle de la Chine ».
L’or n’est pas présent au Tibet sous forme pure, mais dans de grands gisements mélangés à du cuivre, du molybdène et de l’argent. Au cours des premières décennies suivant l’invasion du Tibet, les gisements ont été exploités par un petit nombre d’individus totalement impitoyables. Ceux-ci ont causé d’immenses dégâts aux pâturages, aux déserts, aux cours d’eau et à la faune. Suite à des protestations, plusieurs garnisons de la police paramilitaire Peoples Armed Police (PAP) ont été chargées de faire régner l’ordre jusque dans des régions reculées. Dans ces zones, elles étaient les seules forces gouvernementales avec l’armée régulière et, faute de contrôle suffisant, elles pouvaient agir de manière arbitraire.
Ce que l’on sait moins, c’est que le PAP disposait de sa propre « force de l’or »(huangjin budui). Celle-ci dépendait formellement du ministère de l’industrie métallurgique et était chargée de rechercher de l’or et d’autres métaux dans les régions reculées, de construire des mines et d’exploiter les gisements. La « troupe de l’or » exploitait plusieurs mines en propre, ainsi que des barrages et des centrales hydroélectriques avec une autre unité, en grande partie sans surveillance effective du gouvernement. Depuis 2018, ces unités dépendent du ministère des Ressources minières. La position de quasi-monopole de la PAP est aujourd’hui brisée par des entreprises civiles, comme Huadian pour les centrales hydroélectriques et Zijin pour les gisements d’or et d’autres métaux.
Institute for Security and Policy, 14 avril 2025 // Dr. Uwe Meya