En avril 2021, le ministère de l’Agriculture a publié un « Plan d’action quinquennal pour promouvoir le développement de la production de viande bovine et ovine ». Ce plan ne concerne pas seulement le Tibet, mais aussi d’autres régions de Chine. Un rapport de l’International Campaign for Tibet présente les détails de ce plan et souligne les conséquences sociales et environnementales.
L’initiative visant à augmenter la production de viande pourrait être une réponse à l’effondrement de l’industrie porcine en Chine. Environ la moitié des porcs d’engraissement ont dû être abattus ou sont morts du virus en 2018 en raison d’une infection virale rampante. Un autre facteur est venu s’ajouter depuis 2023 : le manque d’importations de viande bovine en provenance du Brésil suite à une épidémie de maladie de la vache folle.
Afin d’augmenter la production de viande au Tibet, en particulier de yaks et de moutons, le plan mentionne une série de mesures pour atteindre les objectifs. Au lieu de paître librement sur des pâturages pendant toute leur vie, les animaux sont transportés par camion vers des centres d’engraissement après leur première phase de vie. Là, ils reçoivent une alimentation appropriée dans des boxes afin de prendre le plus rapidement possible un maximum de poids avant l’abattage. Le plan prévoit que les moutons ne vivent pas plus de 12 mois et les yaks pas plus de 24 mois.
Traditionnellement, les nomades n’abattaient que la quantité d’animaux nécessaire à leur propre vie. Tout était utilisé de l’animal, alors que dans la production industrielle, seule la viande musculaire est traitée ; le reste de l’animal tué est principalement jeté. Outre les grands abattoirs, le plan prévoit également le développement d’installations de conditionnement et de chaînes de froid pour l’évacuation.
Outre les conséquences environnementales telles que les émissions de CO2 dues au transport par camion, l’importation nécessaire de soja pour l’alimentation animale en provenance des États-Unis et du Brésil et les émissions de méthane dues au lisier, le rapport attire également l’attention sur les conséquences sociales.
Dans la chaîne qui va de l’élevage et de l’engraissement à la transformation de la viande et à la logistique de transport, les Tibétains n’ont qu’un petit créneau pour eux : la période pendant laquelle les animaux peuvent paître librement sur des pâturages, de leur naissance à leur départ. Tous les autres secteurs de production sont entre les mains des Chinois. Le peuple tibétain est ainsi encore plus dégradé, passant d’un mode de vie nomade à celui de salarié dans une chaîne de production de produits carnés.
Campagne internationale pour le Tibet, https://savetibet.org/national-parks-rural-revitalization/ // Dr. Uwe Meya
Photo : Capture d’écran Hoh Xil Food Company