Deux semaines seulement avant le puissant séisme de 7,1 sur l’échelle de Richter qui a frappé Dingri, dans le sud du Tibet, le 7 janvier, suivi d’une réplique de 6,8 sur l’échelle de Richter et d’autres répliques peu après, une vidéo d’un ancien cadre du parti tibétain du nom de Lobsang Dorjee a été rendue publique. Celui-ci dénonçait l’utilisation abusive de l’aide sismique après le tremblement de terre dévastateur de Yushu (également écrit Yulshul) en 2010.
La vidéo du cadre est initialement apparue sur les médias sociaux chinois vers la mi-décembre 2024 et a été postée sur la plate-forme X le 17 décembre 2024 sous son nom d’utilisateur Sakar Tashi. Dans cette vidéo, il montre sa carte d’identité, qui l’identifie comme un ancien employé du gouvernement et membre du Parti communiste. C’est la deuxième fois en peu de temps qu’un Tibétain se plaint ouvertement des abus sur les médias sociaux en dévoilant son identité complète. En octobre, un jeune Tibétain du nom de Tsongon Tsering s’était plaint des dommages environnementaux causés par l’extraction inconsidérée de sable et de gravier. Il a été condamné à huit mois de prison.
Lobsang Dorjee, alias Sakar Tashi, explique qu’après le tremblement de terre de 2010, les fonds destinés à l’aide d’urgence et à la reconstruction ont disparu dans les poches de fonctionnaires corrompus, laissant de nombreuses personnes touchées sans aide. Les manifestants ont été intimidés par des menaces d’être signalés à la police comme « terroristes ». Il souligne expressément que toutes les personnes concernées ont le droit d’être entendues et de présenter des pétitions et que le Parti communiste doit travailler pour le bien de la population.
Dans la zone du tremblement de terre de Dingri, des informateurs rapportent que les moines et autres volontaires se voient refuser l’accès, soi-disant pour ne pas entraver les « opérations de nettoyage et de sécurité ». On se plaint également de l’absence de livraison d’aide. Les photos des destructions sont supprimées des médias sociaux et les enfants doivent agiter des drapeaux chinois pour les médias.
Contexte : séisme de Yushu en 2010
Lors du tremblement de terre de Yushu, qui a fait jusqu’à 10 000 morts en avril 2010, les volontaires locaux qui cherchaient des survivants dans les décombres, parfois à mains nues, ont été refoulés. Au lieu de cela, des forces venues en urgence de Chine continentale ont été filmées en détail par des équipes de télévision nationales. Les secouristes ont été accusés de se concentrer sur le sauvetage de cadres supérieurs du parti et du gouvernement. La plupart d’entre eux étaient malades en altitude et ne pouvaient pas travailler efficacement. Les médias ont reçu l’ordre de ne rapporter que des faits « positifs ». Les aides privées et les dons de l’étranger n’étaient pas acceptés et les fonds déjà collectés devaient être remis à l’administration du district. Il était frappant de constater que presque tous les bâtiments gouvernementaux et commerciaux chinois étaient intacts. En revanche, les habitations de mauvaise qualité, construites dans le cadre de la sédentarisation des nomades, ont été rasées. Plus tard, des terres et des bâtiments tibétains ont été expropriés pour y construire des centres d’affaires à la chinoise.
International Campaign for Tibet, 20 décembre 2024 // Radio Free Asia, 13 janvier 2025 // Dr. Uwe Meya