Plus de 1000 personnes arrêtées après une manifestation contre le projet de barrage

28. février 2024

Suite à des manifestations contre un projet de barrage dans le district de Dege, dans la préfecture de Kardze, dans l’est du Tibet, plus de 1000 arrestations ont eu lieu, y compris plus de 100 moines d’au moins deux monastères. Lors de l’arrestation, les personnes concernées ont été contraintes d’apporter leur propre literie et leur propre nourriture, ce qui laisse supposer une détention prolongée. Les personnes arrêtées ont été réparties dans plusieurs centres, aucun d’entre eux n’ayant assez de place pour accueillir tout le monde. Certains des moines arrêtés, dont la santé était fragile, ont depuis été libérés.

Les protestations étaient dirigées contre le projet de construction du barrage de Gangtuo sur le Drichu, qui est l’un des affluents du fleuve Yangtze. Le barrage fait partie d’un grand projet qui doit produire un total de 13 920 mégawatts d’énergie grâce à 13 barrages. Pour cela, les habitants de deux villages seraient contraints de déménager et 6 monastères seraient inondés. Parmi eux se trouve le monastère de Wonto, qui abrite des peintures murales anciennes datant du 13ème siècle. Le monastère organise traditionnellement chaque année, peu après le nouvel an tibétain, la cérémonie Chotrul Duchen (« cérémonie des miracles »), qui a été annulée après les arrestations.

Les protestations ont commencé le 14 février, lorsque 300 Tibétains se sont rassemblés devant le bâtiment du gouvernement du district de Dege et ont scandé des slogans appelant à l’abandon du projet. Des cadres du gouvernement ont demandé aux manifestants de se taire, car ils n’avaient pas leur mot à dire dans l’affaire de la construction du barrage. Une vidéo passée clandestinement à l’étranger montre la police harcelant et maltraitant les manifestants, dont certains demandent à genoux de quitter le projet.

Des unités de police spécialement entraînées ont été envoyées dans la région le 22 février, où elles ont procédé à des arrestations. Au cours de ces opérations, plusieurs détenus ont été maltraités si gravement qu’ils ont dû être transportés à l’hôpital. Lorsque des proches se sont rassemblés devant les centres de détention pour réclamer leur libération, ils ont également été arrêtés. D’autres sources indiquent que les personnes arrêtées se sont vues refuser de la nourriture et de l’eau supplémentaires, ce qui a déjà entraîné quelques décès.

Radio Free Asia, 22, 23 et 24 février 2024 // Dr. Uwe Meya

Vidéo: https://youtu.be/47m5sQ1GS5k

Photo : Radio Free Asia