Rectification des propos de Dechen Shak

2. avril 2024

Déclaration commune de la Société d’amitié Suisse-Tibet, de la Communauté tibétaine en Suisse & au Liechtenstein, de l’Organisation des femmes tibétaines en Suisse et de l’Association de la jeunesse tibétaine en Europe concernant le discours de Mme Dechen Shak lors d’un événement parallèle organisé par la China Society for Human Rights Studies (CSHRS) lors de la 55e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, le 18 mars 2024.

Nous, les organisations soussignées, exprimons notre profonde inquiétude et notre rejet des propos tenus par la chanteuse tibétaine, Mme Dechen Shak, lors de cet événement parallèle. L’événement a été organisé par la China Society for Human Rights Studies, qui se définit elle-même comme une « organisation non gouvernementale ». Cependant, un examen plus attentif de la CSHRS montre qu’elle « promeut et pratique une perspective chinoise contemporaine des droits de l’homme », ce qui signifie qu’elle est en réalité le porte-parole du Parti communiste chinois et du gouvernement de la République populaire de Chine (RPC), et n’est donc en aucun cas indépendante ou « non gouvernementale ».

Mme Dechen Shak a fait des remarques très problématiques sur le système des internats pour enfants tibétains, que nous rejetons. Elle a remercié à plusieurs reprises le gouvernement de la République populaire de Chine, avec des mots pleins d’émotion, pour avoir « préservé la langue et la culture tibétaines » grâce à ce système. Au contraire, elle a affirmé que la langue et la culture tibétaines disparaissaient en exil. A ce sujet, nous lui rappelons le contraire : en Suisse, il y a 24 écoles tibétaines qui accueillent plus de 600 élèves.

Ces déclarations sont fondamentalement fausses et ignorent les preuves recueillies dans un rapport du Tibet Action Institute. En résumé, le rapport conclut « Le gouvernement chinois a établi au Tibet un vaste réseau d’internats coloniaux où les élèves vivent séparés de leurs familles et reçoivent une éducation hautement politisée, principalement en langue chinoise. Ces écoles, présentées par le gouvernement chinois comme un moyen de fournir une éducation à une population peu peuplée et dispersée, sont la pierre angulaire d’un programme assimilationniste promu par le président chinois Xi Jinping lui-même et visant à écarter les menaces pesant sur le contrôle du Parti communiste chinois par l’élimination des différences ethniques. L’impact de l’expérience coloniale des pensionnats sur les enfants tibétains et leurs familles – y compris les traumatismes psychologiques et émotionnels – et les conséquences pour des générations entières de Tibétains : à l’intérieur et la survie à long terme de l’identité tibétaine sont graves ». Les parents concernés par ce système, qui touche environ un million d’enfants, subissent des pressions pour se séparer de leurs enfants et sont menacés de sanctions ou de désavantages sociaux s’ils refusent d’envoyer leurs enfants dans ces écoles.

Ce système de pensionnats coloniaux a été condamné par divers organes internationaux, parlements et individus. Il est évident que le gouvernement de la République populaire de Chine a lancé une campagne pour tenter de falsifier les preuves et les implications de ce rapport. Nous regrettons profondément qu’il utilise maintenant des voix tibétaines comme celle de Mme Dechen Shak à cet égard pour redorer son image.

Mme Dechen Shak affirme qu’elle « construit des ponts ». C’est le contraire qui est vrai. Des ponts sont construits par Sa Sainteté le Dalaï Lama, l’administration centrale tibétaine et les différentes communautés tibétaines dans le monde. Grâce à leurs efforts, la culture et la religion tibétaines en exil sont préservées.

Nous condamnons donc fermement les propos de Dechen Shak.

Vous trouverez ici la déclaration commune en anglais.