Communiqué de presse : Ligne rouge pour la Suisse

29. avril 2024

Pas de développement de l’accord de libre-échange avec la République populaire de Chine sans droits de l’homme !

Berne, le 29 avril 2024

Il y a dix ans, en été, l’accord de libre-échange entre la Suisse et la République populaire de Chine entrait en vigueur. Celui-ci ne mentionne aucunement les droits de l’homme. Parallèlement, la situation des droits de l’homme en République populaire s’est considérablement détériorée au cours des dix dernières années. La répression contre les populations tibétaine et ouïghoure, en particulier, a fortement augmenté. Malgré cela, l’accord de libre-échange doit maintenant être étendu à la demande des deux pays. En collaboration avec Campax, l’Association ouïghoure suisse, la Société d’amitié helvético-tibétaine et l’Association de la jeunesse tibétaine en Europe, la Société pour les peuples menacés a lancé une pétition demandant une ligne rouge pour la politique commerciale suisse : pas de développement de l’accord de libre-échange sans prise en compte substantielle des droits de l’homme !

La Suisse est le seul pays d’Europe continentale à avoir conclu un accord de libre-échange avec la République populaire de Chine (RPC). Alors que l’UE et les Etats-Unis adaptent leur politique étrangère et réagissent par des sanctions aux violations massives des droits de l’homme commises par le gouvernement chinois, la Suisse souhaite continuer à développer ses relations commerciales avec la RPC. Pour ce faire, le ministre de l’économie Guy Parmelin a l’intention de se rendre à Pékin cet été. Pour sa visite et les négociations à venir avec la RPC, nous voulons donner au conseiller fédéral Parmelin une ligne rouge efficace : Il ne doit pas être question de développer l’accord de libre-échange sans mentionner les droits de l’homme.

Avec la pétition lancée aujourd’hui, la SPM et ses organisations partenaires demandent concrètement que l’article 54, paragraphe 2 de la Constitution fédérale soit défini comme ligne rouge pour les négociations sur un développement de l’accord de libre-échange : Cet article stipule que la politique étrangère suisse doit s’engager en faveur du respect des droits de l’homme, promouvoir la démocratie et contribuer à la coexistence pacifique des peuples. Dans sa stratégie pour la Chine 2021-24, le Conseil fédéral demande lui-même qu’une politique des droits de l’homme efficace à l’égard de la RPC soit menée de manière cohérente, conséquente et « à tous les niveaux ». Cela inclut donc également la politique commerciale de la Suisse avec la RPC, à l’adresse suivante :.

Le particularisme suisse laisse de côté les droits de l’homme

Au cours des dix dernières années, la situation des droits de l’homme en RPC s’est considérablement détériorée, en particulier pour les Tibétains et les Ouïghours : la dernière fois, au printemps 2024, des milliers de personnes ont été arrêtées au Tibet pour avoir protesté contre la construction d’une centrale hydroélectrique pour laquelle des villages et des monastères d’importance historique doivent être inondés. Environ 80% des enfants en âge d’être scolarisés au Tibet sont en outre contraints de fréquenter des internats éloignés. Ils n’y apprennent que la langue et la culture chinoises, ce qui leur fait perdre peu à peu tout lien avec leur langue maternelle et leurs origines culturelles.

Dans le Turkestan oriental (Xinjiang en chinois), le gouvernement chinois poursuit également une stratégie agressive d’assimilation forcée de la population locale ouïghoure. On estime qu’un million de personnes ont été enfermées dans des camps de « rééducation », où elles sont endoctrinées et parfois torturées et violées. Même en dehors des camps, les Ouïghours sont constamment surveillés et leur liberté de mouvement est fortement limitée. Les anciens détenus des camps sont assignés à résidence, condamnés à de longues peines d’emprisonnement ou soumis à des travaux forcés. En outre, des rapports indiquent que le gouvernement chinois procède à des stérilisations forcées sur des femmes ouïghoures.

Au cours des dix années qui ont suivi le début du libre-échange entre la Suisse et la RPC, les violations massives des droits de l’homme en République populaire de Chine ont été documentées à maintes reprises et condamnées par la communauté internationale. La Suisse doit enfin prendre ses responsabilités : Suivre une voie particulière sans tenir compte des droits de l’homme en raison d ‘intérêts économiques n’est compatible ni avec les valeurs de la Constitution fédérale, ni avec la stratégie du Conseil fédéral vis-à-vis de la Chine.

Informations et renseignements :

Dominique Schärer, responsable de la communication de la SPM, 079 456 65 94

Nicolas Walder, coprésident de la Société pour l’amitié helvético-tibétaine, 079 550 05 13

Rizwana Ilham, présidente de l’Association ouïghoure de Suisse, 078 677 76 24

Arya Amipa, coprésidente de l’Association de la jeunesse tibétaine en Europe, 076 568 68 17

Pétition

Vers la pétition sur le site de Campax