« Malheureuse maladresse » : le Quai Branly cessera d’utiliser le terme « Xizang » pour parler du Tibet
Le président du musée du Quai Branly confirme que le terme « Xizang », utilisé par Pékin à la place de « Tibet », sera retiré de ses catalogues publics et de ses cartels d’ici fin octobre 2024. Le musée utilisait ce terme depuis 2018 en interne.
Paris, le 3 octobre 2024. La Ligue des droits de l’Homme (LDH), la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et International Campaign for Tibet ont rencontré le 1er octobre 2024 le président du conseil d’administration du Musée du Quai Branly, M. Emmanuel Kasarhérou ainsi que la directrice du patrimoine et des collections, Mme Anne-Solène Roland, suite à une lettre commune envoyée le 11 septembre 2024. Au cours de la réunion, M. Kasarhérou a assuré que le terme « région autonome du Xizang » sera entièrement supprimé du catalogue et des cartels de l’exposition permanente d’ici fin octobre 2024.
Les représentant·es du musée du Quai Branly ont expliqué que le terme « région autonome du Xizang » figurait dans leur base de données depuis 2018 à usage interne (pour la traçabilité des collections) et que son apparition dans les catalogues publics et sur les étiquettes de l’exposition permanente était due à un problème technique qui était une « malheureuse maladresse » et une « erreur », qui s’est infiltrée à l’encontre de la politique mise en place par le musée, d’ouverture et de dialogue envers les populations des régions dont sont originaires les œuvres. Aucune pression n’a été exercée par les autorités chinoises.
Source: FIDH
Bouddhisme: la Chine renforce sa propagande
Un « Congrès bouddhiste mondial » doit se tenir en octobre dans la ville chinoise de Ningbo. Des moines, des nonnes, des étudiant-e-s, des érudit-e-s et des expert-e-s de 70 pays y sont invité-e-s. Le Dalaï Lama ne fait pas partie des invité-e-s. Selon le texte de l’invitation, l’objectif de la conférence est de « promouvoir la paix mondiale, d’améliorer le bien-être de tous les êtres humains et de rassembler la sagesse et la force pour construire une communauté avec un avenir commun pour l’humanité ».
Les observatrices et observateurs étranger-ère-s voient cette conférence comme une initiative du gouvernement chinois cherchant à diffuser son récit d’un « bouddhisme d’inspiration socialiste » et son point de vue sur la reconnaissance des incarnations, en particulier d’un éventuel 15ème dalaï lama. La conférence est organisée par l’Association bouddhiste chinoise, qui est sous la tutelle du Parti communiste. Son président, Yan Yue, souligne que l’objectif de cette manifestation est de « respecter la direction de la sinisation du bouddhisme en Chine et de faire connaître et de présenter le statut de la liberté de religion en Chine dans toute son ampleur ».
Sources: Radio Free Asia et Campagne internationale pour le Tibet (5 septembre 2024)
Traduction initiale en allemand le 11 septembre 2024 // Dr. Uwe Meya
Le Tibet face à la Chine, le dernier souffle ?
Documentaire de la RTS, disponible jusqu’au 18 mai 2024
Réfugié en Inde depuis 1959, le dalaï-lama vient de fêter ses 88 ans. La question de sa succession est au cœur d’un bras de fer très politique avec la Chine. Elle veut être seule à choisir le prochain chef spirituel des Tibétains. Selon Pékin, le Tibet est chinois et le gouvernement formé par le 14e dalaï-lama en exil n’est pas légitime.
SAST: Le documentaire explore la situation tendue entre le Tibet et la Chine, mettant en lumière les efforts de résistance et de préservation de la culture tibétaine face aux politiques d’assimilation chinoises. Il examine les conséquences des restrictions imposées par le gouvernement chinois, notamment la répression des manifestations et la persécution des dissident-e-s tibétain-e-s. Le film donne la parole à des militant-e-s tibétain-e-s, des moines et des expert-e-s pour témoigner des défis auxquels est confronté le Tibet sous le contrôle chinois, tout en soulignant l’importance de la solidarité internationale pour soutenir la cause tibétaine.
A visionner: RTS, Histoire Vivante, documentaire disponible jusqu’au 18.05.2024 – https://www.rts.ch/play/tv/histoire-vivante/video/le-tibet-face-a-la-chine-le-dernier-souffle-?urn=urn:rts:video:14689631
Tibet : Un moine tibétain arrêté pour avoir tenu le portrait du Dalaï Lama lors d’une manifestation
5 avril 2024
En mars, la police chinoise a arrêté un moine tibétain du nom de Pema, du monastère de Kirti, pour avoir manifesté seul sur la route de Pawo, dans le comté de Ngaba, dans la province du Sichuan. Pema tenait un portrait du Dalaï Lama et criait des slogans contre la politique chinoise au Tibet. Cet acte a conduit à son arrestation immédiate. La possession d’images du Dalaï Lama est considérée comme un acte séparatiste dans les régions chinoises peuplées de Tibétains. À la suite de l’arrestation de Pema, les autorités chinoises ont renforcé les restrictions à Ngaba, en déployant davantage de forces de sécurité. On ne sait toujours pas où se trouve Pema et sa famille n’a pas été informée de sa situation. D’autres cas d’arrestation de Tibétains en possession d’images du Dalaï Lama ont été signalés, notamment Tenzin Khenrap et Lobsang Thabkhey. Tsultrim a également été arrêté et condamné à deux ans de prison pour avoir des photos du Dalaï Lama sur son téléphone.
Source : Radio Free Asia
Tibet: «La Chine va imposer un faux successeur au Dalaï Lama»
31 mars 2024
Entretien de Katia Buffetrille, tibétologue et anthropologue, pour Radio France Internationale (RFI)
RFI : Que signifie cette date de l’arrivée du Dalaï Lama en Inde pour les Tibétains ?
Katia Buffetrille : Pour les Tibétains, c’est une date très importante. Il y a bien sûr eu le soulèvement du 10 mars, mais le départ du Dalaï Lama et son arrivée en exil en Inde signifient véritablement la fin d’un monde, celle du monde tibétain traditionnel. Les Chinois vont alors lancer toutes leurs réformes dans le Tibet central, réformes qui avaient déjà commencé bien auparavant dans les provinces orientales, entraînant des soulèvements en 1956 au Kham et en 1958 en Amdo. Environ 80 000 personnes vont s’enfuir et arriver dans le sillage du Dalaï Lama en Inde. Ces Tibétains seront confrontés à un climat totalement nouveau, dans un pays humide où il fait 35 à 40 degrés. Nombreux seront ceux qui attraperont la tuberculose, une maladie jusqu’alors inconnue au Tibet. Cette première génération en exil connaîtra une vie très difficile en plus d’avoir tout perdu, leur pays et leurs biens. L’Inde les a bien accueillis, c’est d’ailleurs le seul pays qui les a tous reçus, mais dans des conditions très difficiles.
Aujourd’hui, le chef spirituel bouddhiste est âgé de 88 ans. La question de sa succession est de plus en plus pressante, et les grandes manœuvres politiques ont déjà commencé. Quel est, selon vous, le scénario le plus probable ?
Le Dalaï Lama avait suggéré qu’il pourrait ne pas se réincarner [suivant une cérémonie qui permet à l’institution religieuse tibétaine de désigner un successeur, NDLR]. Il semble toutefois qu’il y ait une demande de tous les Tibétains pour qu’il se réincarne. À plusieurs reprises, il a dit que lorsqu’il aura 90 ans, il réunirait un groupe de personnes laïques et religieuses pour discuter de sa réincarnation. Mais de toute manière, la Chine a annoncé depuis longtemps qu’elle désignerait son propre Dalaï Lama. Ce dernier, tout comme le Panchen Lama, la deuxième autorité religieuse du Tibet, qui a déjà été nommée par la Chine, sera élevé par les autorités chinoises, et sera donc un pantin de la Chine, non reconnu par le peuple tibétain.
L’un sera donc choisi par les Tibétains, l’autre par la Chine ?
Exactement, il y aurait un Dalaï Lama chinois, et certainement un autre, celui choisi par les Tibétains et qui naîtra en exil, ou bien en Mongolie, ou bien en Inde, ou dans un pays occidental. Les États-Unis ont déjà signalé qu’ils ne reconnaîtraient pas un Dalaï Lama nommé par le gouvernement chinois. On ne peut qu’espérer que tous les pays feront pareil et ne reconnaîtront pas cette mascarade et ce faux Dalaï Lama.
L’actuel Dalaï Lama a toujours incarné la résistance à l’annexion et à la mainmise brutale de la Chine. Sans lui, les Tibétains doivent-ils craindre davantage le diktat de Pékin ?
Il incarne le Tibet à un moment où les autorités chinoises cherchent à effacer le nom « Tibet » au profit de « Xizang », le nom chinois. Mais il ne demande absolument pas une indépendance. Il réclame juste une réelle autonomie du pays dans son intégralité (Tibet central, Kham et Amdo) au sein de la République populaire de Chine. Il existe encore des mouvements tibétains pro-indépendance, mais il est certain que le Dalaï Lama est reconnu et respecté par toute la communauté tibétaine, même par ceux en faveur de l’indépendance. Il est un symbole et une figure très importante, et il est le dernier qui a encore connu le Tibet traditionnel, le vrai Tibet, le Tibet indépendant.
Son décès sera une énorme perte, à l’extérieur comme à l’intérieur du Tibet. Pour les exilés en Inde, cela aura aussi un impact énorme. Même si le Dalaï Lama est très respecté en Inde, la communauté tibétaine y jouit de très peu de droits. Ce sont des réfugiés, et ils ne possèdent pas la nationalité indienne. Aujourd’hui, beaucoup de réfugiés Tibétains quittent l’Inde, pour des pays occidentaux. Selon le recensement indien le plus récent, il y a actuellement 72 000 réfugiés installés en Inde, alors qu’avant, ils étaient près de 90 000.
Au Tibet même, le programme à marche forcée de la sinisation va-t-il se poursuivre ?
Pékin n’a pas besoin de la disparition du Dalaï Lama pour imposer l’assimilation des Tibétains. Même si leur situation n’est pas comparable à celle des Ouïghours, on sait qu’il y a des internats dans lesquels plus d’un million d’enfants tibétains sont éduqués. Ils reçoivent un enseignement en mandarin, et le programme scolaire est bien entendu chinois. Ils n’apprennent donc rien sur leur propre et très riche civilisation. Ces enfants deviennent ainsi des étrangers dans leur propre famille.
Source : RFI, 31 mars 2024
Ouvrage conseillé : Katia Buffetrille, Anne Marie Blondeau, Le Tibet est-il chinois ? Réponses à cent questions chinoises, Albin Michel (2002).
La Chine célèbre la prise de contrôle du Tibet
28 mars 2024
La Chine, qui construit de nombreux villages au Tibet à proximité de ses frontières avec l’Inde et le Bhoutan, organise des manifestations dans ces nouveaux villages frontaliers pour commémorer la prise de contrôle du Tibet par la Chine, selon les médias officiels. Les troupes frontalières et la population locale participent à ces événements.
Ces dernières années, la Chine a adopté une nouvelle nomenclature pour toutes les références à la région tibétaine, l’appelant Xizang en chinois. Le 28 mars est célébré comme la Journée de la réforme démocratique au Tibet, marquant la fin du règne du Dalaï Lama dans la région himalayenne. Le Dalaï Lama s’est réfugié en Inde en 1959 et les troupes chinoises ont pris le contrôle du Tibet en 1951.
Source: Firstpost.com
Rectification des propos de la chanteuse tibétaine Dechen Shak
28 mars 2024
Déclaration commune de la Société d’amitié suisse-tibétaine, de la Communauté tibétaine de Suisse & du Liechtenstein, de l’Organisation des femmes tibétaines en Suisse et de Tibetan Youth Association concernant le discours de Mme Dechen Shak (chantesue tibétaine) lors d’un événement parallèle organisé par la China Society for Human Rights Studies (CSHRS) lors de la 55e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, le 18 mars 2024.
Nous, les organisations soussignées, exprimons notre profonde inquiétude et notre opposition aux propos tenus par la chanteuse tibétaine, Mme Dechen Shak, lors de cet événement parallèle. L’événement a été organisé par la China Society for Human Rights Studies, qui se définit elle-même comme une „organisation non gouvernementale“. Cependant, un examen plus attentif de la CSHRS montre qu’elle „promeut et pratique une perspective chinoise contemporaine des droits de l’homme“, ce qui signifie qu’elle est en réalité le porte-parole du Parti communiste chinois et du gouvernement de la République populaire de Chine (RPC), et n’est donc en aucun cas indépendante ou „non gouvernementale“.
Mme Dechen Shak a fait des remarques très problématiques sur le système des internats pour enfants tibétains, que nous rejetons. Elle a remercié à plusieurs reprises le gouvernement de la République populaire de Chine, avec des mots pleins d’émotion, pour avoir „préservé la langue et la culture tibétaines“ grâce à ce système. Au contraire, elle a affirmé que la langue et la culture tibétaines disparaissaient en exil. A ce sujet, nous lui rappelons le contraire : en Suisse, il y a 24 écoles tibétaines avec plus de 600 élèves.
En résumé, le rapport conclut : „Le gouvernement chinois a établi au Tibet un vaste réseau d’internats coloniaux où les élèves vivent séparés de leur famille et reçoivent une éducation hautement politisée, principalement en chinois.Ces écoles, présentées par le gouvernement chinois comme un moyen de fournir une éducation à une population peu peuplée et dispersée, sont la pierre angulaire d’un programme assimilationniste promu par le président chinois Xi Jinping lui-même, qui vise à écarter les menaces pesant sur le contrôle du Parti communiste chinois en éliminant les différences ethniques.L’impact de l’expérience coloniale des internats sur les enfants tibétains et leurs familles – y compris les traumatismes psychologiques et émotionnels – et les conséquences pour des générations entières de Tibétains : à l’intérieur et la survie à long terme de l’identité tibétaine sont graves“. Les parents concernés par ce système, qui touche environ un million d’enfants, subissent des pressions pour se séparer de leurs enfants et sont menacés de sanctions ou de désavantages sociaux s’ils refusent d’envoyer leurs enfants dans ces écoles.
Ce système de pensionnats coloniaux a été condamné par différents organes internationaux, parlements et individus. Il est évident que le gouvernement de la République populaire de Chine a lancé une campagne pour tenter de falsifier les preuves et l’impact de ce rapport. Nous regrettons vivement qu’il utilise maintenant des voix tibétaines comme celle de Mme Dechen Shak à cet égard pour redorer son image.
Mme Dechen Shak affirme qu’elle „construit des ponts“. C’est le contraire qui est vrai. Les ponts sont construits par Sa Sainteté le Dalaï Lama, l’administration centrale tibétaine et les différentes communautés tibétaines dans le monde. Grâce à leurs efforts, la culture et la religion tibétaines en exil sont préservées.
C’est pourquoi nous condamnons fermement les propos de Dechen Shak.
Les Nations unies affirment que la Chine viole les „droits fondamentaux“ au Xinjiang et au Tibet
5 mars 2024
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Turk, a déclaré lundi que la Chine violait les droits fondamentaux dans les régions du Xinjiang et du Tibet et a appelé Pékin à changer de cap.
M. Turk, qui a été critiqué pour ne pas avoir défié la Chine avec suffisamment de fermeté en matière de droits de l’homme, a également demandé à Pékin de libérer les défenseurs des droits de l’homme arrêtés sous le chef d’inculpation „vague“ de „chercher la querelle et créer des troubles“.
Il a demandé à Pékin de mettre en œuvre les recommandations formulées par son bureau et par d’autres organismes de défense des droits de l’homme „en ce qui concerne les lois, les politiques et les pratiques qui violent les droits de l’homme fondamentaux, y compris dans les régions du Xinjiang et du Tibet“.
„Je m’engage avec les autorités de Hong Kong sur les préoccupations persistantes concernant les lois sur la sécurité nationale“, a-t-il ajouté dans sa mise à jour globale au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Dans la région du Xinjiang, au nord-ouest du pays, la Chine est accusée d’incarcérer plus d’un million d’Ouïghours et d’autres minorités musulmanes. Pékin rejette ces accusations avec véhémence.
Un rapport retentissant de Michelle Bachelet, prédécesseur de M. Turk, publié quelques minutes seulement avant la fin de son mandat en 2022, fait état de possibles „crimes contre l’humanité“ dans le Xinjiang.
Ce rapport, catégoriquement rejeté par la Chine, fait état de preuves „crédibles“ de torture, de traitements médicaux forcés et de violences sexuelles ou liées au genre, ainsi que de travail forcé.
Toutefois, il ne qualifie pas les actions de Pékin au Xinjiang de „génocide“, comme l’ont fait les États-Unis et certains législateurs occidentaux. […]
M. Turk a reconnu les avancées de la Chine en matière de développement et de lutte contre la pauvreté, mais a insisté pour que ces politiques s’accompagnent de réformes visant à „aligner les lois et les politiques pertinentes sur les normes internationales en matière de droits de l’homme“.
J’encourage en particulier la révision de l’infraction vague consistant à „provoquer des querelles et des troubles“ prévue à l’article 293 du code pénal, et je demande instamment la libération des défenseurs des droits de l’homme, des avocats et des autres personnes détenues en vertu de cette législation“, a-t-il déclaré.
En réponse, l’ambassadeur chinois Chen Xu a appelé les pays à „résister à la pratique consistant à utiliser les droits de l’homme comme prétexte pour s’ingérer dans les affaires intérieures“ et à cesser „d’imposer leurs propres valeurs et modèles de développement aux autres“.
„Nous sommes prêts à dialoguer avec tous les pays sur les droits de l’homme, mais nous nous opposons aux allégations sans fondement formulées par n’importe quel pays à l’encontre de mon pays.
En janvier, la Chine a été vivement critiquée par les pays occidentaux lors d’un examen régulier de son bilan en matière de droits de l’homme aux Nations unies, mais d’autres pays, dont la Russie et l’Iran, ont fait l’éloge de Pékin. […]
Source : Japan Times
Assimilation forcée au Tibet : Les nomades contraints de se sédentariser
Mars 2024
Le nomadisme au Tibet est un héritage séculaire, un mode de vie imprégné de spiritualité et de fierté. Les nomades sont dépositaires de traditions et de connaissances qui ont forgé l’identité tibétaine. Cependant, le déclin alarmant de la population nomade, largement attribuable aux restrictions imposées par la Chine, menace leur existence. Six nomades exilés en Suisse[1] partagent pour la première fois leur histoire, offrant une perspective unique sur la manière dont le nomadisme tibétain, autrefois florissant, se trouve aujourd’hui confronté à un tournant critique. Leurs récits invitent à une réflexion sur l’impact de l’assimilation forcée au Tibet.
J’habitais haut dans les montagnes. J’avais des yaks et des dris; j’étais un nomade heureux. Dans ma famille, nous sommes nomades depuis des générations. Nous avions de bonnes conditions de vie avec les biens que nous produisions. Mais nous n’avons plus de liberté, et maintenant je n’ai aucune autorisation pour vivre au Tibet en tant que nomade. J’ai dû vendre mes animaux. C’était très triste.
Un mode de vie sous restriction
Selon les autorités chinoises, les restrictions au nomadisme ont pour objectif l’amélioration des conditions de vie des nomades, notamment en leur facilitant l’accès à l’éducation et aux soins. Les nomades rencontrés suggèrent une perspective différente des justifications officielles. Ils expliquent que le Parti communiste chinois (PCC) semble plutôt vouloir sédentariser de force les nomades afin d’exercer un contrôle étroit sur eux, tout comme sur l’ensemble de la population tibétaine, et entraver leur expression culturelle. Ils affirment que les autorités chinoises maintenaient une surveillance constante sur eux, permettant à leurs représentants officiels d’organiser des campagnes de rééducation patriotique, dont l’objectif était de discréditer le Dalaï Lama et le Gouvernement tibétain en exil. L’un d’eux se souvient que des responsables chinois se rendaient même dans les régions reculées, deux à trois fois par mois, afin d’exiger des nomades que des drapeaux chinois soient hisser au-dessus de leurs tentes et d’afficher des photos de dirigeants chinois à l’intérieur. Leur mission était également de détecter la présence de photographies du Dalaï Lama, dont la détention est illégale.
L’appauvrissement volontaire de la population nomade
D’après les témoignages, le PCC exerce un contrôle sur les nomades en les appauvrissant, les contraignant ainsi à abandonner leur mode de vie traditionnel. Cette manipulation passe par des restrictions d’accès aux terres, des taxes croissantes, et des conditions de vie précaires. Les autorités chinoises limitent la possession de bétail des nomades, parfois jusqu’à les priver totalement de leurs animaux. Elles réévaluent fréquemment les taxes sur le bétail, pouvant les augmenter sans préavis. Ces mesures ont pour effet de décourager la jeune génération de perpétuer le nomadisme. La pandémie a également aggravé leur précarité. Le renforcement des restrictions de mouvement des nomades a rendu encore plus difficile, voire impossible, le transport de nourriture et de leurs biens pour la vente sur les marchés dans les villes ou villages.
Nous [nomades] devions nous rassembler pour assister à une conférence [rééducation patriotique]. Les Chinois parlaient des dirigeants chinois et nous incitaient à aller dans les villes en nous offrant de l’argent. Le montant dépendait des familles et du nombre de membres de la famille. Ils disaient que nous aurions une vie plus facile et plus d’argent. Certains jeunes nomades et familles les croyaient et vendaient leur bétail. Certaines familles reçoivent de l’argent pour déménager en ville, mais le montant est insuffisant et s’épuise rapidement. Ils se retrouvent sans ressources financières.
Ces anciens nomades révèlent que leur mode de vie a graduellement échappé à leur portée. Certains ont été incités à s’installer en ville avec la promesse de meilleures opportunités de revenus, mais ils affirment avoir été trompés. Ils expliquent que la réalité en ville s’est avérée être bien loin de ce qui leur a été promis, car ils se sont retrouvés sans emploi en raison de la barrière linguistique. Les nomades qui parviennent à trouver un travail en ville font face à des salaires souvent insuffisants pour couvrir les besoins de base, aggravés par le coût de la vie plus élevé. Ainsi, les aspirations des nomades à une vie meilleure en ville se heurtent à la réalité difficile de l’employabilité limitée et des défis financiers croissants.
Des villages pour nomades sédentarisés
C’est dans ce contexte que des villages composés de maisons en béton ont émergé le long des routes principales. Les constructions que j’ai pu observer en 2019 étaient soigneusement alignées, tournées vers la route, certaines peintes et ornées de drapeaux chinois. Leur esthétique évoquait l’impression de villages modèles, dénués de vie et d’âme. Mes guides m’ont expliqué qu’ils étaient destinés aux nomades qui souhaitaient s’installer dans ces „villages confortables avec des installations modernes“.
On nous dit par les Chinois de faire semblant d’être heureux dans nos nouvelles maisons lorsque des touristes ou des responsables arrivent. Mais dans nos cœurs, nous sommes malheureux. Nous avons perdu nos animaux et notre liberté. La propagande prétend que nous, les nomades, avons de la chance d’avoir de jolies maisons, mais nous sommes tristes dans notre cœur. C’est comme une prison. Ce n’est pas une vie nomade.
Nomades écartés du processus décisionnel affectant leur mode de vie
Les nomades n’ont pas pu donner un consentement libre, éclairé et préalable, contrairement aux affirmations des autorités chinoises. La transition radicale de leur mode de vie a été traumatisante, et avec des moyens financiers limités, leurs perspectives en ville ou dans ces villages bétonnés étaient sombres. Dans l’ensemble, les nomades rencontrés estiment qu’ils n’ont pas pu accéder à une meilleure éducation après avoir renoncé au nomadisme, ni pour eux-mêmes ni pour leurs enfants. Ils reconnaissent l’accès amélioré aux soins en ville, cependant, la barrière linguistique restreignait leur prise en charge.
Article de Fanny Iona Morel en collaboration avec Shede Dawa, interprète.
Publié dans la revue VOICE de la Société pour les peuples menacés (mars 2024).
[1] À leur requête, leur identité demeure confidentielle.
Projet de barrage à Derge, Kham: Manifestation et arrestations de masse
14 février 2024
Le 14 février 2024, 1000 Tibétains ont été arrêtés lors de manifestations pacifiques dans le comté de Derge, au Kham, au Tibet. Ils protestaient contre un projet de barrage hydroélectrique sur la rivière Drichu. Le nouveau barrage entraînera le déplacement de deux villages (environ 2 000 habitants) et la destruction de six monastères historiques, dont le monastère de Wonto, qui abrite d’anciennes peintures murales datant du XIIIe siècle. Cette répression récente est un autre exemple de la répression en cours au Tibet et montre la corrélation entre les droits de l’homme et les droits de l’environnement.
A visionner: Tibetan monks and residents arrested over China dam project | Radio Free Asia (RFA) https://www.youtube.com/watch?v=NIMgL38mBHc
UPR 2024 sur la Chine: entre guerre d’influence et déni des réalités
23 janvier 2024
En 1962, dans sa Pétition de 70’000 caractères, le 10ème Panchen Lama avait exprimé ses inquiétudes quant au concept de modernisation et d’amélioration du Tibet promu par le Parti communiste chinois. Celui-ci mettait alors l’accent sur le développement économique, reléguant au second plan l’importance cruciale de l’identité et du mode de vie des Tibétains. Le Panchen Lama avait averti à juste titre que la disparition de l’identité culturelle de la société tibétaine entraînerait inévitablement la disparition de la société elle-même.
Plus de 60 années se sont écoulées depuis, et les préoccupations exprimées par le Panchen Lama trouvent un écho troublant dans la réalité actuelle. La Chine, aujourd’hui plus déterminée que jamais à assimiler de force le Tibet, persiste dans sa stratégie de prioriser le développement économique au détriment des droits humains fondamentaux des Tibétains. Soutenue par le regard complaisant de nombreux États, la Chine persiste à accuser toute voix dissidente de propager la désinformation et de menacer sa sécurité nationale.
Informations contextuelles
L’UPR (Universal Periodic Review) est un mécanisme du Conseil des droits humains des Nations Unies qui consiste en un examen régulier de la situation des droits humains dans tous les États membres de l’ONU. Programmé tous les quatre à cinq ans, cet examen se tient généralement à Genève et vise à évaluer les progrès réalisés par les États en matière de droits humains. Le processus de l’UPR comprend la présentation du rapport national par l’État examiné, soit la Chine le 23 janvier 2024, des contributions des organes des Nations Unies, ainsi que des informations fournies par la société civile.
Le dernier UPR de la Chine s’est déroulé en novembre 2018, également à Genève. Le 23 janvier, une délégation chinoise impressionnante représentait le pays. Malheureusement, seules 15 personnes, issues d’ONG, ont obtenu l’autorisation d’assister à l’UPR. De nombreuses personnes ont ainsi été exclues de la salle du Conseil des droits humains. Par chance, j’ai eu le privilège de faire partie de cette petite délégation d’ONG qui a pu être présente à cet événement. J’ai ainsi pu observer l’influence écrasante de la Chine au sein de l’ONU et vis-à-vis de la majorité des États.
Des droits humains « selon le contexte et les spécificités chinoises »
Au cours de cette session de l’UPR, la Chine a exposé ce qu’elle considère comme des avancées significatives en matière de droits humains et a évoqué les axes d’améliorations depuis l’UPR de 2018. Elle a largement salué sa réussite à réduire considérablement le taux de pauvreté dans le pays, surpassant ainsi son objectif fixé pour 2030. Les représentants de 163 États membres de l’ONU se sont exprimés sur la situation des droits humains en Chine et ont formulé des recommandations visant à encourager le pays à renforcer la protection des droits fondamentaux de ses citoyens. Bien que plusieurs États participants aient soulevé différentes questions et préoccupations, il est regrettable de constater que la question du Tibet et du Turkestan oriental a été largement négligée par la majorité des États intervenants. Ces derniers se sont empressés d’exprimer leur admiration pour les progrès réalisés par la Chine en matière de droits humains, en mettant particulièrement l’accent sur sa lutte contre la pauvreté.
Leurs observations et recommandations se sont principalement concentrées sur des problématiques qui ne sont pas source de désaccord, telles que la discrimination liée au genre et à l’orientation sexuelle, la santé et le climat, sans aborder les questions cruciales du Tibet et du Turkestan oriental. Les points préalablement rejetés par la Chine, tels que la demande de coopération de la Chine avec l’ONU, son accès sans restriction à toutes les régions du pays, les cas de disparitions forcées et de détentions arbitraires, les droits des Tibétains et des Ouïghours, la ratification des traités internationaux et la question de la peine de mort, n’ont été soulevés que par une minorité d’États, principalement occidentaux. Parmi eux, seuls les États-Unis ont qualifié la situation de « génocide contre l’humanité ».
La Chine a mis l’accent sur le développement économique en affirmant répondre aux besoins de sa population et œuvrer pour son bien-être, en appliquant les droits humains „selon le contexte et les spécificités chinoises“. Selon ses déclarations, la population, notamment au Tibet et au Turkestan oriental, serait heureuse. Cependant, la Chine ne prend nullement en compte les préoccupations liées aux revendications tibétaines, en particulier celles concernant la liberté religieuse et la préservation de leur identité et de leur mode de vie.
Selon la Chine, aucune sédentarisation forcée au Tibet
J’ai été surprise d’entendre la Chine parler de la population tibétaine vivant en haute altitude, soit principalement les nomades. La Chine a souligné que la vie à des altitudes élevées avait des conséquences néfastes sur la santé des Tibétains, en particulier chez les enfants. Elle justifie ainsi la construction de villages à des altitudes plus basses pour les populations nomades comme une mesure visant à améliorer leur santé et leurs conditions de vie, niant toute sédentarisation forcée. La Chine a même prétendu que des touristes avaient fait l’éloge de ces villages et nous a invités à les visiter pour le constater par nous-mêmes. En 2019, lors de ma visite au Tibet, j’ai constaté personnellement qu’il n’y avait aucune raison de louer ces villages en béton. J’ai également échangé avec plusieurs anciens nomades réfugiés en Suisse, et tous ont déploré une sédentarisation forcée, soulignant qu’aucun d’entre eux ne considère avoir bénéficié d’une amélioration de leur qualité de vie.
L’UPR de 2024 sur la Chine a mis en évidence la volonté de nombreux États complices, sous l’influence de la Chine, à privilégier le développement technique et économique, au détriment des droits sociaux et culturels. L’interprétation chinoise des droits humains progresse afin de servir les objectifs politiques de la Chine, au détriment des libertés et des droits individuels. L’UPR représente une opportunité manquée qui aurait dû permettre de mettre en lumière le degré de préoccupation globale face à la situation des droits humains en Chine, qui touchent particulièrement les Tibétains et les Ouïghours. Malheureusement, il semble peu probable que cet examen des pratiques chinoises en matière de droits humains incite la Chine à reconnaître et à remédier aux abus sérieux que la population endure.
Fanny Iona Morel
Cet article a paru dans Infos Tibet n°20 et Tibetfocus, respectivement en février et mars 2024
22.03.2023
https://www.cath.ch/newsf/le-tibet-revient-sur-la-scene-suisse-40-ans-damitie-parsemee-doubli/
10.03.2023
09.03.2023
15.02.2023
09.12.2022
Fanny Iona Morel élue au Forum des 100 !
Je suis très honorée d’avoir été élue au Forum des 100 par le journal Le Temps. C’est une très belle reconnaissance de mon travail de recherche et de plaidoyer dans le domaine des droits humains et en particulier de mon livre Whispers from the Land of Snows: Culture-based Violence in Tibet, dont la seconde édition, parue en 2022 chez Globethics.net, a été préfacée par Monsieur Walder Nicolas. Mes chaleureux remerciements à Monsieur Frederic Koller ainsi qu’à toute la rédaction.
30.11.2022
Lisez un autre article du magazine Echo sur le Tibet ici.
22.11.2022
Torture dans des prisons chinoises: un Tibétain réfugié en Suisse témoigne
Philippe Boeglin, Le Temps, 22 novembre 2022
Dans un article paru dans Le Temps (22 novembre 2022), le journaliste Philippe Boeglin livre le témoignage du moine tibétain Sangye Dewatsang, réfugié en Suisse.
Pour la première fois, Sangye Dewatsang parle des actes de torture qui lui ont été infligés par des représentants de l’autorité chinoise au Tibet lors de ses détentions. Arrêté pour avoir été en contact avec des journalistes américains, il témoigne :
« Les Chinois m’ont emmené en voiture. Ils m’ont frappé et m’ont infligé des électrochocs sur tout le corps, des décharges électriques dans le dos. C’était atrocement douloureux. Le mal était énorme, je perdais conscience, m’évanouissais. Ils m’ont plongé dans une rivière en plein mois de novembre, en me maintenant sous l’eau. J’avais l’impression de me noyer, de mourir. ».
« Je n’arrête pas de penser et de repenser aux autres prisonniers politiques, qui ont disparu ou sont morts. Certains subissaient des injections de poison et agonisaient lentement pendant plusieurs semaines. Des produits chimiques étaient utilisés, des agents actifs neurologiques. Les personnes soumises à cette torture ne me reconnaissaient plus. Elles étaient prises de tremblements nerveux. »
Selon Fanny Iona Morel, qui se tient aux côtés du moine tibétain lors de l’interview, « il est fort probable qu’il est été interrogé et torturé dans une ‘black jail’ (un lieu de détention extralégale) ».
L’ambassade de Chine en Suisse n’a pas réagi aux sollicitations de la rédaction du journal Le Temps.
Le Temps, Torture dans des prisons chinoises: un Tibétain réfugié en Suisse témoigne, 22 novembre 2022,
www.letemps.ch/suisse/torture-prisons-chinoises-un-tibetain-refugie-suisse-temoigne
13.10.2022
Lisez l’article de l’Echo magazine ici.
06.10.2022
Un article sur Dhondup Wangchen, après son passage à Genève en février 2022. Cet article a été publié dans la revue « La couleur des jours » publiée à Genève, dans son édition d’automne.
Lisez l’article ici.
24.06.2021
L’Association d’amitié suisse-tibétaine et le Bureau du Tibet à Genève se réunissent pour dessiner un plan d’action pour le Tibet
Genève: Le Bureau du Tibet à Genève et des représentant-e-s de l’Association d’amitié suisse-tibétaine se sont rencontrés pour discuter d’un plan d’action pour le Tibet en Romandie, et à Genève en particulier. Cette rencontre a eu lieu au Bureau du Tibet à Genève le 24 juin dernier.
Le président de l’association, Thomas Büchli, l’ancien parlementaire et maire René Longet et l’ancienne conseillère municipale en ville de Genève Marguerite Contat ont rencontré le représentant du Bureau du Tibet à Genève Chhimey Rigzen ainsi que les membres de son équipe Sonam Therchin, Thinlay Chukki et Kalden Tsomo.
De très nombreux sujets ont été abordés lors de cette réunion, parmi lesquels les futures initiatives de promotion de la cause tibétaine, le travail de sensibilisation auprès de la population locale et des questions politiques au niveau cantonal et communal.
Au nom du Bureau du Tibet à Genève, Thinlay Chukki a brièvement présenté la structure démocratique de l’Administration centrale tibétaine, donnant un aperçu du rôle et des responsabilités du Bureau du Tibet.
Le représentant Chhimey Rigzen a remercié le président Thomas Büchli et les représentant-e-s romand-e-s de l’Association d’amitiés suisse-tibétaine René Longet et Marguerite Contat de leur solidarité et de leur soutien inébranlables à l’égard du Tibet.
Le représentant Chhimey a en outre salué leur contribution à la cause du Tibet, ainsi que leur travail de sensibilisation et de promotion, comme par exemple l’initiative ayant conduit à faire flotter le drapeau national tibétain devant la mairie d’Onex depuis tant d’années.
l’action drapeaux 2022 – 10 mars 2022
10 mars 2022 : Voici les communes de la SAST-Section romande qui ont hissé le drapeau tibétain en guise de solidarité avec le Tibet et tous les peuples opprimés
- Canton VD: Bottens, Epalinges, Montpreveyres, Orbe, Orges, Renens, Saint-Saphorin, Sergey et Vevey
- Canton GE: Avusy, Bardonnex, Bernex, Carouge, Celigny, Chêne-Bougeries, Chêne-Bourg, Grand-Saconnex, Gy, Jussy, Lancy, Menier, Meyrin, Onex, Plan-les-Ouates, Satigny, Vernier, Versoix, Veyrier, Ville de Geneve
Vous trouverez des images de l’action drapeaux ici
05.05.2021
Article de René Longet dans Le Temps du 5 mai 2021
l’action drapeaux 2021 – 10 mars 2021
Vous trouverez des images de l’action drapeaux ici
La ville de Genève a également exprimé sa solidarité avec le Tibet dans un communiqué de presse.
10 mars 2021 : Voici les communes de la SAST-Section romande qui ont hissé le drapeau tibétain en guise de solidarité avec le Tibet et tous les peuples opprimés
- Canton VD: Aubonne, Bottens, Epalinges, Mont-La-Ville, Orbe, Saint-Saphorin, Sergey et Vevey
- Canton GE: Bardonnex, Bernex, Carouge, Chêne-Bougeries, Chêne-Bourg, Gy, Lancy, Grand-Saconnex, Menier, Meyrin, Onex, Plan-les-Ouates, Satigny, Vernier, Versoix, Veyrier
Vous trouverez plus d’informations sur l’action drapeaux ici.